On l’a vu lors d’un post précédent, les petits horsballeurs des catégories moustique et poussins sont désormais privés de cravache. L’occasion pour moi de revenir sur les points de règlement concernant cet outil prohibé.

L’article 4.5 du règlement version 2015 est plutôt clair. Il stipule que la cravache est interdite sur le terrain. On y reviendra. Il précise que cette aide artificielle est autorisée sur le terrain de détente, là où il est parfois nécessaire de réveiller une monture.

Je relève toutefois une subtilité dans la formulation de cet article : il n’est – en effet – pas écrit que l’usage de la cravache est interdit sur le terrain, mais que la cravache l’est. Autrement dit, la seule présence de cet ustensile sur le terrain doit être interdite par les arbitres !

Attentionn, le terrain s’entendant comme l’aire de jeu et les zones de sécurité, cette interdiction est absolue partout ! On engagera utilement joueurs et coaches à se rappeler que le terrain est ainsi défini par l’article 1.1 du règlement..Cette petite précision devient très importante puisque les joueurs remplaçants ou les soigneurs ne doivent en aucun cas pouvoir en faire usage, ni à la mi-temps, ni lors des remplacements, lorsque le cheval évolue dans la zone de sécurité. 

Pour éviter toute ambiguïté ou toute contestation ultérieure, on demandera donc que les cravaches éventuellement utilisées lors de la détente soient sorties du terrain. Leur présence – même sans intention d’utilisation – parmi les équipements des soigneurs ne doit pas être acceptée, ni discutée. L’arbitre de sécurité, s’il y en a un ou les arbitres qui apercevraient des cravaches – souvent posées sur le sable ou dans un seau demandera qu’elles soient confiées à une personne extérieure au terrain. Evidemment, il n’est pas utile d’aller jusqu’à vérifier leur présence dans un sac fermé, où elles ne sont de toute façon pas accessible…

Le règlement n’a prévu aucune sanction spécifique, et c’est bien ainsi. Un avertissement suffit amplement et la situation se règlera aisément. En revanche, l’usage de la cravache, même à la mi-temps doit être sanctionné sans retard. En cours de match, on pourra ainsi infliger une P3 à l’équipe en faute. A la mi-temps, je suis favorable pour ma part à infliger la même sanction, celle-ci conduisant à faire perdre l’engagement pour l’équipe fautive si le tirage au sort le lui avait  accordé.

Enfin, pour les deux premières catégories d’âge, il conviendra que les arbitres – celui de chaise notamment, plus disponible – restent attentifs à ce que les enfants ne compensent pas cette absence d’aide par un usage inapproprié du flot de rênes ou par des tapes de la main sur la croupe pour obtenir le démarrage ou le maintien du galop de leurs poneys.

Depuis le début de la saison 2014-2015, le débat fait rage au bord des terrains et agite le petit monde du horseball. Pas une journée de compétition accueillant moustiques et poussins qui fasse exception - avec toutefois une certaine unanimité : l'interdiction de l'usage de la cravache pour les petits est qualifié au mieux d'incompréhensible, au pire d'inadapté. L'arbitre n'est évidemment pas indifférent à cette question. 

D'abord, essayons d'objectiver ce débat en expliquant que cette interdiction n'est ni le fruit du hasard, ni la fille de l'absurde. Cette disposition du règlement relève d'une logique compréhensible, même si on peut la contester.

Tout part sans doute du principe selon lequel un horseballeur est d'abord un cavalier. Cela va sans dire me rétorquerez-vous, mais mieux en le disant... Pour progresser, l'enfant devra s'astreindre à travailler le dressage. En introduisant cette disposition, la FFE a voulu imposer aux jeunes cavaliers de horseball l'apprentissage des aides naturelles, de préférence à la facilité offerte par la cravache. Une bonne habitude à travailler au dressage.

Je voudrais dire ici aux parents et à nos chères têtes blondes que ce n'est pas du tout absurde sur le fond, que chaque cavalier gagnera - individuellement - en compétence, et que notre sport y gagnera - collectivement - sur la durée. Pas de polémique inutile donc. L'intention est louable. Tout juste pourrait-on regretter l'absence de communication spécifique sur le sujet.

Ceci posé, et sans esprit polémique, on peut ouvrir la discussion. Ainsi, je relève que les cavaliers plus âgés bénéficient du port de l'éperon - un accessoire indispensable compte tenu des changements de rythme permanents de notre sport.  tout aussi utile.

Si je comprends et partage l'intention de la FFE, que traduit cette disposition nouvelle - si je reconnais même qu'il y a là une volonté de progrès au service de notre sport, j'estime modestement que le moyen choisi aboutit surtout à décourager les joueurs les plus jeunes et à fédérer coaches et parents contre lui. on peut se demander si la nécessité de former des cavaliers ne peut pas être obtenue en dehors des journées de compétition à travers les cours d'équitation que suivent nos jeunes joueurs.

Les matches poussins sont devenus apathiques, sans rythme. Et cette absence de rythme conduit au développement d'un jeu individuel, autour du cavalier ou du poney le plus réactif, totalement contraire à l'esprit de notre discipline. Ajoutons à cela que ce jeu sans rythme provoque des paquets où attaquants viennent s'agglutiner à des défenseurs à l'arrêt ; étranges mêlées ou les montures finissent par se mettre en travers, voire à choisir le contre-sens, du reste au détriment du jeu et de la sécurité.

Vous l'aurez compris, je suis favorable à l'abandon de cette disposition, lors d'une prochaine mouture du règlement. Abandon qui n'empêcherait en rien les équipes pédagogiques former les cavaliers et donc les horseballeurs de demain.

En attendant, appliquons le règlement. Cette disposition existe et ne souffre donc aucune exception.